ruban rouge contre le sida
Reportage effectué le 6 Décembre 2002, à Saint-Étienne (Loire)
JOURNÉE D'INTERVENTION DANS LE TRAMWAY, Saint-Étienne (42) dans le cadre de la Journée Mondiale ONUSIDA 2002
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reportage ici divisé en 5 PLAGES

ACTIS St-ETIENNE LOIRE

Plage 3

avec Jean-Marie, de l'association Actis (antenne Saint-Étienne)

  • Jean-Marie : Je crois que c'est dans toutes les populations, il y a plein plein plein de pratiques qui se font maintenant. Prenez le milieu gay, par exemple. Le mileu gay maintenant, c'est le "NO LIMIT". À Lyon, il y a des clubs ! C'était spécifique à la région parisienne, à Paris. Alors le NO LIMIT c'est quoi ? C'est, je vais dans une boîte, alors il y a des backrooms, les backrooms ce sont des pièces noires, des choses comme ça, tout ça. Attention je suis pas là pour juger d'une pratique, hein! je le dis bien. Mais bon, ce sont des choses qui existent, vous allez dans l'établissement on vous annonce "c'est une soirée no limit", ça veut dire qu'on ne vous donne pas de capote, vous n'avez rien à votre disposition. Maintenant si vous avez vos capotes à disposition dans vos poches, c'est très bien, mais c'est même pas dit que la population qui va être dans l'établissement va vous accepter avec la capote, parce que la plupart du temps le discours qui va se tenir, on va te dire Dégage ! Nous, quelle réponse voulez-vous qu'on donne ? La seule réponse qu'on puisse donner c'est simplement le discours du danger d'une contamination, et comment va vivre la personne, et qu'est-ce qu'elle va faire avec tout ça, et comment elle va gérer tout ça. J'ai donné un exemple tout à l'heure d'une personne que je connais depuis plus de vingt ans, euh, je suis pas sûr que le groupe que j'avais là aura tout entendu vraiment. Bon sur le moment ils m'ont dit "oui effectivement si elle vit comme ça, elle pèse quarante kilos, elle a plus de cinquante pilules par jour, ça fait vingt ans qu'elle est contaminée mais maintenant il faut l'aider à marcher et tout !". Ils l'auront entendu sur le moment, mais dans une heure est-ce qu'ils vont s'en souvenir, j'en suis pas sûr...
  • [ squick boum virgulatoire ]
  • Jean-Marie poursuit : Vous parliez des 35/40 ans. Mais faut pas oublier, de plus en plus de jeunes de moins de 25 ans arrivent maintenant sur le marché du Sida, contaminés. Et qu'est-ce qu'ils vous disent ? "j'ai voulu essayer sans capote". C'est terrible ! Alors que, il en avait dans la poche quoi ! "D'accord t'as voulu essayer, mais regarde maintenant...", c'est terrible pour nous associatifs d'avoir un jeune de moins de 25 ans, même un autre hein j'veux dire, mais c'est encore plus terrible un jeune de 25 ans. Trente, trente-cinq ans, on se dit bon il est peut-être un peu plus réfléchi, quoique, des conneries on en fait tout le temps, tous, quelque soit l'âge. Mais à 25 ans, tu te dis Putain il avait encore vachement de trucs à voir, quoi ! Mais, les jeunes en particulier, je crois qu'il faut le comprendre. Enfin moi je sais que je le comprend, ils sont de la génération capote. Ils sont nés avec des capotes, avec comme ils disent "nous on est nés avec un caoutchouc.. mais on aimerait bien savoir la nature ce qu'elle est !". Un petit beur d'une cité qui vous dit "j'aimerais vraiment savoir ce qu'est la nature", attendez il l'a pas inventé ce truc là ! Il l'a entendu, et puis il a envie de le savoir effectivement. Par nature l'homme n'est pas fait pour se protéger, hein !
virgule musicale - [ capote tout l'temps., des fois t'as envie d'l'oublier aussi.. ]
  • Jean-Marie enchaîne : Moi je le comprend, un jeune qui me dit ça, mais quelque part je me suis dit Putain c'est pas vrai, il aurait peut-être pu s'assurer d'avoir une vie normale ou... si tant est qu'il y a une vie normale, hein. Avoir peut-être, j'aime pas trop moi ce mot "hygiène de vie" machin... Peut-être d'avoir une copine attitrée comme ils disent, parce qu'ils nous parlent comme ça "si j'ai une copine attitrée, est-ce que je peux enlever le préservatif?". Oui, et bien vous faites un test et puis après vous voyez...
  • [ re-squick boum virgulatoire ]
  • Jean-Marie toujours : Quelquefois, quand il y a une prise de risque c'est peut-être parce qu'elle était là sur le moment : "Elle était là sur le moment, j'ai rencontré cette nana ça fait plusieurs fois que je l'ai vue en boîte puis bon, bin j'y suis allé quoi !". Souvent ils nous disent ça hein, ils disent "ça fait plusieurs fois que je l'ai vue et je la voyais avec personne". Mais attends tu l'as vue avec personne là, mais ailleurs elle est peut-être avec quelqu'un d'autre, on sait pas ! Et une nana [nbb: qui aurait vu un mec avec personne, etc.] c'est pareil. C'est dur, hein ! Mais ils nous disent "on aimerait bien savoir ce qu'est vraiment la nature". Autrement ce qu'ils te disent c'est qu'on avait envie d'essayer sans, pour savoir ce que c'est vraiment, pas être contaminé bien sûr, mais avoir un rapport sans rien, tout bêtement. Et puis c'est la nature, quoi ! je veux dire, pour eux c'est tellement logique... mais c'est pas faute de leur donner ce qu'il faut ici, hein !
virgule "sons de tram"
  • Question bb : Après ces journées d'intervention dans le tramway, est-ce que vous avez eu des réactions ?
  • Jean-Marie : Ils ont trouvé que c'était une initiative en tout cas courageuse. Parce que c'est pas facile dans un tramway d'aller aborder des gens avec un questionnaire
  • Mme Danièle Durand, de la Mission Locale de St-Étienne, répond à également à la question : Il y a des personnes qui ont dit C'est bien ce que vous faites, d'autres qui ont dit Votre Sida on n'en a rien à foutre. Et "la décoration c'est bien, on l'a vue, on s'est posé des questions"
  • Jean-Marie : Mais bon, ici en tout cas les jeunes qui sont venus, par rapport au questionnaire qu'ils nous répondaient, on leur a donné une réponse et ça a été pour eux l'occasion d'approfondir surtout des questions plus personnelles, par rapport à une prise de risque, par rapport à une relation. On a eu deux jeunes Maghrébins qui sont venus, qui voulaient savoir comment engager ça dans la famille, parce que le monde musulman... en plus c'était là une période de ramadan, c'était extrêmement difficile. On a même eu un jeune qui nous a dit Ecoutez, je peux pas les toucher, mais mettez-moi-les dans la poche parce que ce soir le ramadan, à 17h il est fini. C'était bien qu'il ait pensé à ça, mais c'est pas le cachet de tout le monde ! Par contre on a eu beaucoup de gens qui étaient persuadés, toujours pareil, qu'il fallait avoir eu plusieurs rapports pour être contaminé. Alors que, il suffit d'un seul rapport, LE PREMIER ! Il y a plein de trucs comme ça... D'autres qui étaient contents de venir ici parce qu'ils ne nous connaissaient pas, et qui se sont dit Bin au moins on sait que, on est étudiant, on va à l'école, on sait que si on a besoin de préservatif on pourra nous en donner ici et on sera pas obligé de dire à maman, euh, là je vous dis une bêtise, donnez-moi un euro pour m'acheter un chewing gum alors que c'est pour acheter un préservatif. Des trucs comme ça. Alors ils sont contents parce que ici quand ils viennent ils partent toujours avec deux/trois préservatifs, parce que nous notre politique c'est si jamais il y a en un qui craque y'a toujours le change, y'a au moins ça, et puis qu'après et bien ils font ce qu'ils veulent, quoi !
  • [ virgule : zwip bling ... Le Tram et puis le... c'est bien perçu Moi j'crois que c'est une chose qu'il faudrait faire tous les six mois ... bong echo ]
FIN PLAGE 3