ruban rouge contre le sida
je vis avec le VIH
Deux témoignages qui m'ont été offerts pour partage

Le témoignage de Pascal

Bonjour !
Je m'appelle Pascal CHASSOULIER. J'ai 28 ans et je suis séropositif depuis l'âge de 22 ans
Je me décide à apporter mon témoignage sur mon passé, sur ma vie actuelle, mais aussi mes espérances pour l'avenir. Ceci "grâce" à une amie qui elle non plus n'arrive pas à comprendre la discrimination dont nous, séropositifs -hommes et femmes- sommes victimes (au travail, avec les amiEs, relations avec les personnes, dans la religion...)
Je me suis retrouvé avec le VIH dans le sang suite à une relation avec un bisexuel, relation qui s'est mal terminée. Je travaillais comme agent de fabrication dans une chocolaterie (Cheval Blanc)nb, en intérim. Mon contrat devait être renouvelé avec cette entreprise qui voulait donc me garder. Mon travail ne posait aucun problème et des liens d'amitié se nouèrent entre mes chefs et moi. Plaisanteries, sorties resto et boîtes... firent que l'ambiance au travail était du tonnerre !
Au milieu de mon contrat, je suis tombé malade mais je ne suis pas arrêté pour autant. Après m'être soigné et donc tout en continuant de travailler, j'ai fait le test ELISA? qui se révéla positif. Je dus alors m'absenter 3 demi-journées pour aller à Lyon faire des examens plus complets. Je rattrapai mes heures et donnai l'explication que le médecin m'avait suggérée, que j'avais peut-être un cancer (!)
Tout se passait bien (!!) puis une employée, à qui j'avais dit "non" quand elle voulut avoir une relation avec moi, mit en route une rumeur comme quoi j'étais sidéen. Mes chefs me le dirent et me demandèrent des explications. J'ai préféré être honnête, j'ai répondu que j'étais simplement séropositif, et je leur demandé s'ils savaient ce que cela voulait dire. Cela ne leur posait aucun problème, ils n'étaient pas inquiets parce qu'ils savaient que ce n'était pas contagieux et qu'il n'y avait aucun risque pour le reste du personnel ou pour les produits qui étaient fabriqués dans l'entreprise.
Mais ils m'imposèrent une visite médicale. Mon contrat se termina et ils me dirent au revoir bye bye. Et sans qu'on me donne aucune explication je me suis retrouvé sans emploi, avec un loyer à payer, des factures à régler, la nourriture... et surtout avec ma séropositivité que je n'avais pas encore acceptée
1993 J'ai perdu mes soi-disant amiEs, mais je m'en sortais financièrement grâce aux Assedic. Ma famille ne savait rien de mes examens. Je me réfugiais dans l'alcool. C'est 8 mois plus tard que je mis ma famille au courant, je commençais à avoir de sérieux problèmes pour vivre. Je leur ai annoncé ma séropositivé en leur demandant de ne pas poser de questions sur le pourquoi du comment. Ma mère encaissa le choc. Mon frère et ma soeur pleurèrent mais ils m'aidèrent -et ils m'aident encore- du mieux qu'ils peuvent. Mon père !? nous ne nous sommes jamais entendus et malheureusement il était, et il est toujours, alcoolique. Aucune réaction de sa part
J'ai retrouvé une amie du collège que j'avais perdue de vue, et elle m'aida à me sortir de l'alcool. Elle me fis accepter ma séropositivité et sa mère m'aida à régler mes problèmes bancaires. Cette amie s'appelle Valérie Pigeat, qu'elle soit ici encore une fois remerciée...
Mais je ne trouvais à travailler nulle part, parce que les patrons du Cheval Blanc et l'agence d'intérim Manpower ne s'étaient pas fait prier pour répandre ma séropositivité auprès des entreprises du Nord-Isère. Je retournais chez mes parents début janvier 1994
En mai 1994 je rencontrais Fabriccio, atteint d'une leucémie. J'allais cinq jours sur sept à Saint-Étienne où il habitait, et j'entrepris de rechercher du travail là-bas. Mais ma relation avec Fabriccio se dégrada rapidement car il buvait et refusait toute aide pour s'en sortir
Retour chez mes parents
Fin août je trouvais du travail chez des amis, Bertrand J.M et Lehu Hervé, qui vivaient en couple à Bourgoin-Jallieu et qui m'employèrent comme "homme de ménage". Hervé était parti en vacances chez sa sœur, et malheureusement Jean-Michel ne me paya pas avant de partir s'installer définitivement dans le Midi, là où habitait la sœur d'Hervé. Je les ai rejoints près de Manosque quelques temps après parce qu'ils m'avaient invité chez eux pour "repartir à zéro"
Début décembre 94 le couple Hervé & Jean-Michel ne marchait plus et une dispute avec menaces me fit partir en pleine nuit. La sœur d'Hervé, Peloly Lehu Nivole, fit que mon départ se transforma en fuite "grâce" à un pistolet qu'elle braqua sur mon visage. Fuite de Jean-Michel quelques jours plus tard. J'ai aidé ce dernier, mais je m'aperçus rapidement qu'il m'avait raconté des mensonges et qu'il avait profité de ma famille, laquelle lui avait apporté son aide morale
1996 je suis parti habiter à Lyon, où je suis toujours
En cette année 1997 je suis reconnu travailleur handicapé et je perçois l'AAH (Allocation Adulte Handicapé). C'est un peu mieux que le RMI (Revenu Minimum d'Insertion) mais je n'y arrive encore que difficilement
1998 Je vis, et je n'ai vraiment pas envie de crever. Je suis sous trithérapie. Je recherche toujours un emploi. Célibataire, je pense au "Prince Charmant"... Je vous dis À TRÈS BIENTÔT...
? en 1993 le test Elisa (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay) est le protocole de référence qui permet de détecter la présence dans le sang d’anticorps anti-VIH et de diagnostiquer la séropositivité
nb la chocolaterie Cheval Blanc à La Tour du Pin, une unité de production du groupe Cémoi depuis 1991

Pascal Chassoulier, 69004 Lyon, France